Pages

26/07/2010

Parashat Vaeth'anan

A la mémoire de mon grand-père Moshé ben Avraham za"l


La foi d'Israël et la foi naturelle


Au début de la parasha, Moshé implore D'. de le laisser entrer en Terre d'Israël (Dvarim 3:23-27), en réponse il reçoit l'ordre Divin de monter sur la colline (lui permettant de contempler la Terre) et de renforce le leadership de Yehoshua (3:28-29). Il poursuit ensuite le récit des quarante années d’errances dans le désert qui viennent de s’écouler. Il rappelle les journées grandioses du Sinaï et le don de la Torah - il est toutefois à noter que le Décalogue y est indiqué légèrement différemment que dans parashat Yitro. Suivent le "Chéma", quelques commandements et avertissements.

Un des avertissements répété est celui de s'éloigner de l'idolâtrie.

Ainsi, il est écrit (Dvarim 4:15-20) :

"Veillez attentivement sur vos âmes, puisque vous n'avez vu aucune figure le jour où l'Éternel vous parla du milieu du feu, à Horeb, de peur que vous ne vous corrompiez et que vous ne vous fassiez une image taillée, une représentation de quelque idole, la figure d'un homme ou d'une femme,
la figure d'un animal qui soit sur la terre, la figure d'un oiseau qui vole dans les cieux,
la figure d'une bête qui rampe sur le sol, la figure d'un poisson qui vive dans les eaux au-dessous de la terre.
Veille sur ton âme, de peur que, levant tes yeux vers le ciel, et voyant le soleil, la lune et les étoiles, toute l'armée des cieux, tu ne sois entraîné à te prosterner en leur présence et à leur rendre un culte: ce sont des choses que l'Éternel, ton Dieu, a données en partage à tous les peuples qui sont sous le ciel.
Mais vous, l'Éternel vous a pris, et vous a fait sortir de la fournaise de fer de l'Égypte, afin que vous fussiez un peuple qui lui appartînt en propre, tels que vous l'êtes aujourd'hui."

Ces propos semblent de prime abord assez étranges.
En effet, ils relèvent plusieurs interrogations :
1. à qui s'adresse-t-on, à des fous? pourquoi un homme censé se prosternerait-il, surtout après avoir vécu la formation universelle du premier Peuple monothéiste, devant des animaux, les astres, etc. !?
2. pourquoi énumérer précisément ces dix éléments (homme, femme, animal terrestre, oiseau, bête rampante, ou aquatique, le soleil, la lune, les étoiles, le ciel entier (tzva hashamaim), alors que ceux-ci sont compris dans les mots "une représentation de quelque idole"?
3. que veut dire la Torah quand elle dit "ce sont des choses que l'Éternel, ton Dieu, a données en partage à tous les peuples qui sont sous le ciel"? Le service idolâtre est-il légitime à un non-Juif? Pourtant c'est un des sept commandements auxquels ils sont toutefois astreints!
4. quel lien y a-t-il entre la fin "vous, l'Eternel vous a pris, afin que vous fussiez [pour lui] un Peuple" et tout ce qui est indiqué au début du propos?

Essayons également de comprendre l'avis du Rama [Rabbi Moshé Isserless, sur Sh. Ar., O.H., fin du Siman 156] que les nations du monde ne sont pas obligées à "l'association" (shitouf). C'est-à-dire qu'il leur est permis de croire en D', tout en croyant en d'autres forces extra-naturelles. Alors que le Noda BeYehouda [Rav Yeh'ezkel Segal Landa(u), resp. (tanyana), Y.D., siman 144 - la réponse a néanmoins été rédigée par son fils, mais il semblerait avoir agréé] exprime le fait que le Rama se soit trompé dans la compréhension des rishonim. Il est cependant vrai que ses propos sont difficilement concevables au vu des nombreuses preuves et références que ramène le Noda BeYehouda (ibid.). Si l'idolâtrie est interdite en soi pour les non-juifs, comment la permettre en "association" avec la foi en D', cela semble bien contradictoire! Cela voudrait encore dire que les chrétiens ne sont pas idolâtres…

En bref [selon le livre "Rouah' H'en", parasha 15, du Rav Natan Herz Wessely].
En réalité, il faut comprendre les paroles du Rama, comme conception du monde. La base de cette conception est qu'il existe une différence notoire entre Israël et les Peuples du monde. Ceux-ci sont sous l'emprise des forces de la nature, et D' ne leur accomplit pas de miracles (cf. Kouzari IV, 3, p. 156), ils sont sous la hashgah'a (assurance Divine) générale, sans soucis pour les particuliers. Ils ont des anges particuliers qui s'occupent d'eux (cf. Ramban sur Vaykra 18:25 et autres, basés sur Pirkei deRabi Eliezer, chap. 27), aussi appelé par nos Sages - mazal.

Alors que nous sommes dirigés uniquement selon nos actes (cf. Bereshit Rabba 44, 14 et autres), c'est ainsi que le Rambam explique le propos de nos Sages qu'il n'y a pas de mazal à Israël (T.B. Shabat 156a), dans son cahier sur la résurrection (Iggeret Th'yiat HaMetim, p. 97-8, éd. Kapah').

Ainsi, on comprend de quoi parlent les versets cités précédemment: il ne faut pas donner trop d'importance aux forces de la nature, chacune à sa manière et à son endroit (la mer, le sol, le ciel, etc. et chacun avec ses animaux, ses forces, ses astres…), mais plutôt mettre notre foi en D' qui par Sa Volonté fixe le jour et la nuit, maître des toutes les forces de l'univers (cf. Sh.Ar. O.H. siman 5). C'est cela qui nous différencie des autres peuples et explique le lien entre les versets.
C'est là aussi l'intention du Rama, eux peuvent croire aux forces de la nature, car elles les dirigent, et ça ne fait pas partie de leur foi de manière intégrale, mais simplement c'est un constat de fait.

Puissions-nous avoir confiance en D' et mériter ainsi de voir Ses Miracles et la Rédemption pleine et entière.
Amen.

Aucun commentaire: