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18/06/2010

Parashat Balak

Parashat Balak

Doit-on craindre les malédictions ?

Balak, roi de Moav (nommé comme tel par les Anciens de Moav pour résoudre la délicate "question juive", cf. Ramban Bamidbar 22:5) en voyant les miracles que D' fait a Israël dans le désert prend peur: un Peuple vainqueur de toutes les armées qui sont sur sa voie, même les plus puissantes est à sa porte (cf. Rashi sur Bamidbar 22:2-3, selon le midrash Tanh'ouma Balak, 2 ; Sforno, ibid. ; Ramban ibid, vers. 4 et le H'izkouni sur vers. 3 selon H'oulin 60b - le peuple de Moav pensait qu'Israël avait la force et le reshout - le droit, de les annihiler). Celui-ci décide donc de louer les services d'un "magicien"-prophète connu - Bilaam, dont la mission est de maudire le peuple d'Israël ; car il sait que sa force est spirituelle et il a besoin de s'y allier, car lui, Balak, sa puissance est physique. Pourtant D' intervient, à plusieurs reprises : intervention onirique interpellant Bilaam "tu n'iras pas avec eux [les envoyés de Balak], tu ne maudiras pas le Peuple car il est béni" (Bamidbar 22:12), l'épisode de l'ânesse (Bamidbar 22:22), et le changement de sa parole contre son gré (trois fois - Bamidbar 23:5, 23:16, 24:1-3 ; relaté dans Devarim 23:6 ; dans la prophétie de Mikha 6:5 et autres ; il y a dans le Midrash une discussion quant à la manière dont s'est effectué ce changement soudain - "Rabbi Eliezer dit, c'est un ange. Rabbi Yoh'anan dit, c'est une épée", leur discussion est si on a forcé Bilaam ou si c'est une force qui ne lui appartient pas, sans rapport avec son identité propre qui a parlé par sa bouche, pour un plus ample développement, cf. MiOhalei Torah, du Rav Yaakov Ariel, p. 252-254).

Et la question évidente qui se pose est la suivante : quel est le problème ici? Pourquoi tant d'efforts pour la malédiction d'un mécréant? Et même s'il n'était pas mécréant, a priori, on s'en fiche pas mal de ce qu'il dit, puisque tout vient de D'! La guemara (Ta'anit 20a) va encore plus loin et affirme que la bénédiction de Bilaam est pire que la malédiction d'Ah'yia le Shiloni contre le Peuple. Il faut comprendre, de quoi s'agit-il qui est tellement grave…? Doit-on craindre les malédictions?


Réponse intellectuelle (des pashtanim - commentateurs littéraux)

La Torah nous a ordonné de "ne pas insulter [même] un sourd" (Vayikra 19:4). Le Rambam (Maïmonide) explique qu'un homme en quête de vengeance a plusieurs moyens s'offrant à lui. Le plus faible d'entre tous : le cri, l'expression de la colère et la malédiction et ce, même si celui qui l'a auparavant dérangé ne l'entend pas ou n'est pas là. La malédiction apaise l'esprit de celui qui l'énonce, alors même que l'homme visé n'a pas entendu le propos tenu à son encontre. Malgré cela, la Torah nous interdit de maudire, car Elle ne voit pas seulement la situation de la personne maudite, mais également celle de celui qui la dit qui est averti de ne pas éveiller son esprit à la vengeance ni à la colère (Sefer HaMitzvot, comm. non-positifs 317).
Les propos du Rambam sont étonnants. Il ne dit pas qu'on vient sauver quiconque de la malédiction ou qu'elle agit d'une quelconque manière, mais plutôt qu'on vient sauver celui qui la dit de l'abîme, de perdre son bon comportement et ses bonnes midot (mesures) en fautant de la sorte. En d'autres termes, selon le Rambam, la malédiction n'a aucune vérité, on ne doit donc pas la redouter, puisque la raison de son interdit est la réparation morale du blessé…

Avant lui déjà pensait ainsi un grand commentateur, Rabbi Avraham Ibn Ezra. Il écrit à propos de Bilaam dont la malédiction s'est transformée en bénédiction (sur Bamidbar 22:9) :

"Car D' Savait que le Peuple allait fauter à Ba'al Pe'or (dieu d'idolâtrie) [faute à laquelle la punition a été grande: 24'000 morts], et si Bilaam les avait maudit, le monde entier aurait dit «c'est par la malédiction de Bilaam qu'est venue l'épidémie»"
Il ressort de ses propos qu'il ne donne aucun crédit aux malédictions, puisqu'il justifie l'intervention Divine pour une autre raison !

Rabbi Itzh'ak Abrabanel aussi, apparemment, ne croit pas aux malédictions elles-mêmes et à leur conséquences possibles. Il s'interroge : comment Bilaam peut-il par la force de sa bouche récuser le mérite de nos Pères, le mérite de la réception de la Torah au Mont Sinaï? Seulement, D' a empêché la malédiction de Bilaam "car Bilaam était connu aux yeux des Nations pour le fait des bénédictions et des malédictions, comme étant exaucé par le Seigneur, ainsi que l'a dit Balak
"car je sais que quiconque tu bénis, est béni et quiconque tu maudis, est maudit". Et si Bilaam avait maudit Israël, les autres peuples auraient été certains de sa malédiction et auraient fait des efforts sur la base de cette malédiction. Toutefois, lorsqu'ils entendirent de ses propos que D' empêche leur malédiction, alors tout le monde connaîtra et saura que le Nom Divin a été mis sur eux etc. et ils n'auront pas le courage de combattre Israël"
(Abrabanel sur Bamidbar 22:7 vers la fin, p. 117).

Le Rav Moshe Tzuriel, dans un article sur le sujet, voulait même ajouter que le Peuple d'Israël lui-même aurait peur au moment de son combat contre les sept peuples.

Nous voyons donc que selon trois grands rishonim, le problème des malédictions est plus psychologique que réel.

Toutefois, c'est en contradiction avec les propos de nos Sages.

C'est du moins ce qu'affirme Rabbeinou Bah'ya dans son commentaire. Il ramène l'opinion d'Ibn Ezra citée auparavant et ajoute que Bilaam a connu la faute de Baal Peor par l'astrologie et qu'il voulait donner "l'impression" que c'était sa malédiction qui avait agi (Rabbeinou Bah'ya continue longuement sur ce sujet dans son comm. sur Bamidbar 22:20 et conclue "mais il est certain que Bilaam n'avait aucune force par sa parole, ni pour bénir, ni pour maudire"). En outre, il conclue (sur Bamidbar 22:6) "mais ça n'est pas l'opinion de nos Sages".

Il fait apparemment référence à la guemara dans le traité de Brakhot 7a [c'est du moins l'opinion du Rav Chavel, dans ses notes sur Rabbeinou Bah'ya, éd. Mossad HaRav Kook] affirmant que Bilaam savait dire ses paroles au moment où D', une fois par jour, "se met en colère". A ce moment là les malédictions agissent (cf. Rabbeinou Bah'ya ibid, vers. 20, à la fin).

Ça n'est pas uniquement l'avis de Rabbeinou Bah'ya, nos Sages dans le Talmud préconisent "que la malédiction d'un simple ne soit pas petite [sans importance] à tes yeux" (Meguila 15a, Baba Kama 93a), c'est-à-dire qu'il ne faut pas négliger les malédiction. Selon l'explication du Natziv (le rav Naftali Tzvi Yehouda Berlin, dans son commentaire Meromei Sadei sur Meguila, ibid.) il s'agit même de la malédiction d'un non-juif.

Comment concilier l'opinion des trois rishonim cités précédemment avec cet enseignement de nos Sages ?

En fait, il nous faut comprendre si il y a une base réelle chez le maudit aux propos de la malédiction, doit-il la craindre, ou la malédiction est-elle gratuite? Si elle est gratuite, le verset nous dit déjà (Proverbes/Mishlée 26:2) :
"une malédiction gratuite ne viendra pas [ne s'appliquera pas]".
Ce verset s'écrit "lo tavo" (avec un alpeh - ne viendra pas), mais se dit "lo tavo" avec un vav - cela lui viendra à lui, c'est-à-dire que si la malédiction est gratuite, elle retombera sur celui l'énonçant (ainsi expliquent Rachi, Ibn Ezra, le "Metzoudot" et le Malbim, ibid.).

Cela se comprend ainsi : si l'homme est blessé (pas nécessairement physiquement, même moralement) par son prochain à un tel point qu'il se sent obligé de le maudire et sa blessure, elle, est vraie, dure, le faisant terriblement souffrir, il est capable par ses propos d'entraîner une punition Divine au maudit, cela à cause de la faute commise. Sans la malédiction la Justice Divine aurait attendu, afin que l'homme puisse faire techouva, se repentir. La malédiction, malgré son interdiction, fait accélérer le dossier. Donc, la parole n'a pas de valeur en soi, la malédiction ne va pas "s'accomplir", mais elle peut faire "bouger des choses" au Ciel.

Cela est écrit noir sur blanc dans la guemara (Baba Kama 93a) à propos d'Avimeleh' insultant Sarah après l'avoir amenée dans son palais et obligé de la ramener à Avraham, après avoir découvert que c'était sa femme, et cette malédiction s'accomplit sur Itzh'ak qui devient aveugle. La guemara explique, Avraham et Sarah ont caché, voilé, à Avimeleh' le fait de leur mariage et lui ont causé, selon ses dires, un tort ; de la même manière leur fils aura, par sa malédiction, la vue voilée. Ainsi, cela est simple : on doit redouter même la malédiction d'un simple si son propos est fondé, mais s'il ne l'est pas, rien à craindre (la base de cette distinction peut se comprendre de la guemara Makot 11a et Rashi ibid, s.v. "Shehaya lahem levakesh rah'amim al doran").

Ainsi en est-il de Bilaam, si sa malédiction est infondée et le peuple d'Israël n'a pas fauté, il n'y aura rien à craindre. On peut mieux comprendre selon cela les commentaires d'Ibn Ezra et d'Abrabanel, ainsi que le Rambam. Ils parlent en effet d'une malédiction "gratuite", sans raison, c'est pourquoi, elle n'aurait pu agir d'une quelconque manière, sa raison est uniquement psychologique, c'est pourquoi aussi l'intervention Divine est due à d'autres raisons.


Réponse ésotérique (des kabbalistes)

Selon ce que nous avons vu dans le traité Brakhot (7a), il y a un instant chaque jour où D' se mettrait en colère et dirige le monde selon la vertu du jugement (midat haDin), si un homme maudit à ce moment précis, sa parole aura alors valeur certaine et amènera malheur et désarroi. Bilaam, comme dit, savait quand était ce moment, et, nous dit la guemara (ibid.), si D' ne nous avait pas fait la bonté de ne pas "agir de la sorte" ce jour-là, cela aurait été la fin de notre histoire.
Mais qui de nos jours sait reconnaître ce moment?
Selon les Tossafot (s.v. sheilmalei) c'est un temps durant lequel on peut prononcer un mot long de trois lettres !
C'est donc une fraction de seconde. Il y a dans une heure trois milles six cent secondes et vingt-quatre heures dans une journée… Bonne chance pour trouver le moment exact ! Et peut-être est-ce précisément au milieu de la nuit quand tout le monde dort, ou alors à l'aube…
Pour cela, nos Sages disent : "Que la malédiction d'un simple ne soit pas petite à tes yeux", peut-être a-t-il, par hasard, parlé juste au mauvais moment !


D'aucuns, dans ce même mouvement, prétendent que Bilaam était en fait un magicien et toute la force de sa malédiction provient des forces de l'impureté (toum'ah), comme les magiciens d'Egypte, capables de faire les mêmes signes que Moshé ou avec le roi Shaoul qui va chez Ba'alat Ha'Ov, malgré l'interdit de la Torah (Dvarim 18:10), ou encore dans le livre de Yirmiahou, avec les faux prophètes accomplissant des miracles…

Cette vision est incompatible avec le midrash Tanh'ouma (Balak 1,1 - cf. également dans le midrash rabba et yalkout shimoni sur le début de la parasha ; cf. Sifra sur Dvarim 34:10 - "il n'y aura point en Israël de prophète comme Moshé, en Israël-non, dans les nations-oui, qui est-ce? Bilaam fils de Beor") affirmant que Bilaam était prophète.
Ils répondent que cet enseignement est "effrayant, incompréhensible et incompatible avec les propos connus et reçus de nos Sages" (Rav Itzh'ak Areima dans son Akeidat Itzh'ak, portique 82). Ainsi, le "Efodi" dans son commentaire sur le Guide des Egarés du Rambam (2ème partie, chap. 41) écrit :
"de la même manière que Moshé est arrivé à la plénitude de la vraie prophétie, ainsi Bilaam est-il arrivé à la plénitude de la magie, selon la capacité de l'homme, mais pas de la prophétie".
De la même manière, dans le livre de Yehoshua (13:22), le verset dit :
"Et Bilaam fils de Beor le magicien (haKossem) a été tué par le Peuple d'Israël au fil de l'épée…"
Il y a encore de nombreux exemples qui soulignent que Bilaam était dangereux, car sa parole il savait la diriger selon les forces du mal, et c'est ainsi qu'ils interprètent le guemara dans Brakhot (7a) citée auparavant.
Pour comprendre cela en profondeur, le Rav Baroukh HaLévi Epstein propose, dans son commentaire "Torah Temimah" (sur Dvarim 34:10, lettre 26), une allusion, au nom de son maître :
"J'ai entendu au nom du génie Rabbi H'ayim de Volozhin za"l une explication à ce midrash [le Sifra, cité précédemment] - allégorie à un aigle et à une chouette qui tous deux savent quand se lève et se couche le soleil, mais chacun selon son point de vue. En effet, il est bien connu que l'aigle aime les rayons de soleil et la nuit sa vue baisse, alors que la chouette, elle, trouve son répit dans l'obscurité et craint la lueur. Les deux savent quand l'aube apparaît, mais le but de leur connaissance est bien différent. L'aigle sait qu'il peut se réveiller et voler, alors que la chouette doit aller se trouver une cachette, un endroit sombre. Et inversement à la tombée de la nuit. Et cette allégorie nous apprend la connaissance de Moshé et de Bilaam de D', car lorsque c'est un moment de grâce, de volonté ('èt ratzon) Divine pour apporter lumière et bénédiction sur le monde, la prophétie de Moshé "se réveille", et il visait sa prophétie dans ce but là. Bilaam aussi connaissait ce moment, mais c'était pour "se cacher", telle la chouette. Et lorsque "Son Moment de Bonté" se terminait, sentait alors Bilaam qu'il était le moment d'agir contre Israël et faisait ce qu'il pouvait. Mais Moshé pendant ce temps là esquivait et maintenait sa prophétie jusqu'à ce que la colère passe. Selon cela, nous comprenons que les deux connaissaient la Volonté Divine, mais un cherchait la lumière et l'autre l'obscurité."
C'est-à-dire, selon Rabbi H'ayim de Volozhin (disciple du Gaon de Vilna et auteur du Nefesh HaH'ayim), que la prophétie de Bilaam n'en était pas vraiment une puisqu'il cherchait la force de l'impureté, le moment de colère, afin d'arriver à ses fins. C'est pour cela que nos Sages l'appellent Bilaam le mécréant, l'impie (HaRasha). C'est ainsi aussi qu'il faut comprendre la Mishna du traité de Avot ("les maximes de nos Pères") chap. 5, mishna 19 (21 selon les éditions) affirmant que les disciples de Bilaam sont caractérisés par "l'envie, l'orgueil et une volupté insatiable".
Cette manière de voir le monde est négative en soi et c'est pour cela qu'on en craint les malédictions. Voir les défauts d'autrui à la place de chercher ses qualités, c'est également cela l'envie (Ayin Ra'ah) - de la jalousie, chercher le mal, la haine gratuite (cf. Rabbeinou Yonah, Shaarei Tchouva, portique 3, siman 217 ; Midrash Rabba Bamidbar 20:2 ; Kidoushin 70b ; Kountrass "Talmidav shel Avraham Avinou" du Rav Moshe H'adash, Ayin Tova aleph et beth) . Ce ne sont pas tant les mots en eux-mêmes qui nous font peur, mais le fait que des gens avec un tel potentiel à lier le fini et l'infini (telle la prophétie) le gaspillent et arrivent à donner une réalité à leur vision négative, par les mots certes, dans notre monde - c'est là un véritable danger, où l'aide Divine est nécessaire. On a peur d'être atteint par leur vision négative et noire du monde où la spiritualité sert la matérialité, dans quel cas, comme le dit la Mishna dans Avot (ibid.), la fin est au Guéhinom.

Nous avons donc vu trois explications : si quiconque faute, il est plus à même qu'on le punisse, et donc il peut craindre la malédiction ; si par hasard la malédiction a été prononcée au mauvais moment, au moment de la colère Divine, elle risque de se réaliser ; ça n'est pas tant la malédiction que nous craignons, mais plutôt le fait d'être imprégné de la vision du monde du maudissant en d'en ressortir blessés.

Selon les deux premières explications, D' a fait un véritable miracle avec le Peuple dans le désert et L'a protégé d'une mort certaine (comme ramené par le Yalkout Shimoni - ce fut la plus belle bénédiction jamais prononcée sur Israël), alors que selon la troisième explication ramenée, Bilaam et son disciple Balak auront la victoire, certes partielle, mais toutefois dangereusement. C'est ce qui arrivera par la suite au Peuple d'Israël touché par l'inceste des filles de Midian, ainsi nous comprenons mieux la ce qui est dit dans la guemara Ta'anit (20a) citée précédemment, car la malédiction a quand même eu un quelconque effet, aussi néfaste soit-il. En effet, nous savons que les portes du Mal sont la Avodah Zarah (l'idolâtrie) et la Minout (l'inceste) revêtant de nombreuses facettes…

Puissions-nous être à l'abri de toute malédiction, tant dans et par nos paroles [afin de lutter contre Amalek (dernières lettres de l'assemblage de Bilaam et Balak ; cf. aussi Meguila 13b), Bilaam (cf. Brakhot 7a) et Yshmaël (cf. Pirkei deRabbi Eliezer, ch. 30 précisant qu'à la fin des temps celui-ci fera régner, entre autres, le mensonge), dont la force est la parole], que dans notre manière de voir le monde et notre prochain.

Shabat shalom,
Shmuel Elikan.
(article basé sur les enseignements du rav Moshé Tzuriel)

Dédié à la guérison de Menah'em ben Huguette ainsi qu'à tous les malades de notre Peuple, d'autant qu'à la mémoire bénie du Grand-Rabbin d'Israël, le Gaon HaRav Mordekhai Tzemach ben Mazal, à H'aya Routh bat Miriam veH'ayim, à Yirmiahou H'ayim ben Miriam, et à tous ceux qui sont tombés pour la gloire d'Israël, tous nos soldats. Soit leur mémoire bénie !
מוקדש לרפואה כל חולי עמנו ולע“נ הרה“ג הראש“ל מרדכי צמח בן מזל, חיה רות בת מרים וחיים, ירמיהו חיים בן מירים וכל נופלי מערכת ישראל גיבורי כח. ת.נ.צ.ב.ה

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