Pages

21/10/2010

Parashat Lech-Lecha

Parashat Lech-Lecha

L'amour de la Terre d'Israël

Dans notre parasha [Bereshit 12:1] est relaté le commandement Divin entendu par Avraham d'aller vers la Terre qui lui serait indiquée, mais il n'est pas précisé sa nature, c'est-à-dire de quelle terre il s'agit.

Rashi [s.v. asher arei'ka] écrit que cela ne lui fut pas indiqué immédiatement afin de lui faire envier la Terre et lui donner une récompense à chaque parole [notons que dans le midrash Bereshit Rabba 39,8 dont Rashi s'inspire largement, il est écrit "à chaque pas", car il ne sait pas où il va…].


Le Maharal de Prague [dans son commentaire sur Rashi, Gour Aryeh, ibid.] explique que lorsqu'une chose n'est pas dévoilée de suite, elle devient appréciée ; en effet, Avraham est peiné d'accomplir un commandement dont il n'a pas connaissance et par conséquent il reçoit chaque parole Divine avec amour, ainsi, il est récompensé pour chaque parole reçue. Il en est de même, dit-il, au moment de la ligature d'Itzh'ak, le lieu n'est pas directement indiqué - "une de ces montagnes" indique le verset, encore une fois pour rendre Avraham méritant.

En résumé, selon le Maharal si un homme est peiné relativement à l'acquisition, à l'accomplissement d'un certain élément c'est pour que, finalement, son lien, sa relation à ce même élément (une fois acquis) en soit accrue. Ainsi, nos Sages nous enseignent dans le Talmud [Bavli Brah'ot 5a] que la Terre d'Israël (tout comme la Torah et le monde futur) s'acquiert dans la souffrance (issourim).

On peut ajouter que D'ieu Voulait rendre éternel dans le cœur du Peuple Juif le lien d'amour à la Terre d'Israël. Par conséquent, quand Avraham vient pour la première fois en Israël c'était sans le savoir - afin de l'embellir à ses yeux et d'inséminer en son âme et celle des ses descendants un amour transcendant envers la Terre Sainte. On peut trouver une preuve à ce principe dans le commentaire de Rav H'ayim de Volozhin sur les Maximes de Nos Pères [Rouah' H'ayim sur Pirkei Avot 5, 2] où il est écrit qu'Avraham notre Père a subi dix épreuves : il est dit Avraham notre Père pour nous apprendre que chacune des épreuves qu'Avraham a surmonté et pour laquelle il a été prêt à se sacrifier fur enracinée dans la nature israélite. Ainsi, ajoute-t-il, la volonté de venir en Israël provient de "Lech-Lecha".


Une autre explication des propos de Rashi nous donne le Malbim [dans son livre "Eretz H'emda" début Lech-Lecha s.v. "El HaAretz"] :

"Au moment où Avraham a vu la Terre d'Israël - il l'a acquise et elle lui fut consacrée, sa sainteté a alors commencé, etc. Selon ce principe, on peut comprendre ce que nos Sages ont dit "après avoir posé ces yeux sur lui, il se transforma en une pile d'os" [T.B. Shabat 34a]. En effet, les yeux ont ce pouvoir d'attraction qu'a une pierre imbibante, tel le regard de la chouette [cf. "Etz Hah'ayim" du Ari za"l, portique 8, ch. 1]. […] Ainsi Avraham, par la force de son regard vers la Terre Sainte a su se lier à la sainteté retenue au sein de celle-ci […] et par conséquent, après avoir atteint la sainteté de la Terre, celle-ci devint sienne… C'est là l'intention de Rashi lorsqu'il dit "pour la lui faire envier", "la rendre douce à ses yeux", c'est-à-dire que par la vue d'Avraham notre Père, la Terre devient douce et heureuse".

Le Malbim nous explique, à la différence du Maharal, que le changement n'est pas psychologique, n'est pas en Avraham, mais en la Terre d'Israël qui, par un processus de liaison transcendantal avec celui-ci, lui devient acquise. En fait, le Malbim nous décrit comment Avraham acquiert la Terre, pour lui et ses descendants après lui - alliance, fusion et union mystique, amour éternel.

Puissions-nous connaître cet amour à la Terre et mériter son accomplissement plein et entier, tout le Peuple Juif, ensemble - dans la paix et la joie ; voir la construction de notre Temple, au plus vite, de nos jours. Amen.

Aucun commentaire: