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29/10/2010

Parashat H'ayei-Sarah

La dernière épreuve

Notre parasha commence par nous raconter la mort de Sarah, notre première Matriarche. Elle vécut 127 ans. Avraham vint à H'evron la pleurer [cf. Bereshit 23:1-2 ; Ramban, ibid.]. Le mot "livkotah" - "la pleurer" est écrit dans la Torah de manière étrange : la lettre "kaf" (כ) est à caractère réduit.

Le Baal HaTurim [ibid.] nous explique que la raison à cela est qu'Avraham a diminué au possible ses pleurs - en effet, dit-il, Sarah était déjà âgée et son heure approchait…

Rashi, quant à lui [ibid., basé sur le midrash Bereshit Rabba 58,5 et Pirkei deRabbi Eliezer, ch. 32] écrit :

"la mort de Sarah a été accolée à l'épisode de la ligature d'Itzh'ak, car quand la chose lui fut annoncée, que son fils allait être sacrifié, son âme l'a quitté et elle est décédée".

La chose est étonnante de la part de Rashi qui commente lui-même, précédemment [Bereshit 21:12] que la prophétie de Sarah est plus grande que celle d'Avraham [cf. Siftei H'ah'amim, ibid.], sous-tendant que plus tard aussi, Sarah savait déjà ce qui se tramait et était donc au courant de la ligature.

Il serait plutôt illogique d'affirmer qu'Avraham et Itzh'ak auraient su surmonter cette épreuve alors que Sarah y aurait échoué - son âme quittant son corps.


Dans la prière que l'on récite tous les soirs, "Hashkiveinou", on demande à D' de nous garder du "Satan" qui est devant nous et de celui derrière nous.
De quoi s'agit-il ?

On prie pour qu'on nous ôte notre mauvais penchant (yetzer hara, aussi appelé "Satan", cf. Sih'ot Moussar du Rav Shmulewitz sur le sujet), qu'il ne se mette pas en notre chemin, lors de l'accomplissement d'un commandement ou lorsqu'on est éprouvé. Par exemple, lors de la ligature, le mauvais penchant s'est affirmé dans l'affirmation probablement pensée par Avraham [cf. à ce propos le dvar torah de la semaine dernière] que tout le commandement de la ligature n'est qu'un grand bluff, puisqu'il lui a déjà été promis qu'Itzh'ak constituerait sa descendance. Avraham a dû dépasser son penchant. De même son fils a été tenté de persuader son père d'abandonner cette épreuve [cf. Midrash Rabba sur l'épisode de la ligature].
C'est cela le "Satan qui est devant nous".

Toutefois, il existe un autre type de "Satan", celui qui se trouve derrière nous. Après chaque réussite l'homme doit affronter sa fierté, son ego. Cette confrontation interne de l'homme peut le pousser jusqu'aux plus profondes abîmes, de sorte qu'il ne ressort plus rien de bon du bien qu'il aura accomplit - comme s'il n'avait rien fait !

Lorsque le "Satan" tente de faire trébucher Avraham avant la ligature et manque son opportunité, il se dit qu'il va réussir après coup. Etant donné que l'heure de Sarah approchait de toutes les façons, il voulait faire croire à Avraham qu'il était responsable de son départ pour le monde de Vérité, afin qu'il regrette l'acte de la ligature. Mais il n'en fut point ainsi, c'est cela que la Torah nous apprend en rapetissant la lettre "kaf" - Avraham pleure un peu, car il connaissait la vérité, Sarah devait de toute façon rendre son âme au Créateur, ça n'était pas lié à l'acte de la ligature, comme voulait le lui faire croire son mauvais penchant.
C'est peut-être également la raison pour laquelle la Torah nous explicite exactement le décompte des jours de la vie de Sarah, elle a vécu toutes les années qui lui étaient imparties.

Tandis qu'à propos d'Avraham il est écrit : "Le nombre des années, que vécut Avraham, fut de 175 ans" [Bereshit 25:7].

L'expression «asher 'haï» – que vécut – est également employée à propos d'Adam dans le verset [Bereshit 5:5] : « Tous les jours, que vécut Adam, furent de 930 ans... ». Cela n’est pas fortuit : Adam aurait dû vivre exactement 1000 ans, mais il a offert 75 années de sa propre vie au roi David, comme nous l'enseignent nos Sages. L'expression «asher 'haï» vient nous signifier que bien qu’un certain nombre d'années lui était destiné, il n'en a vécu qu'un nombre inférieur !
Il en est de même pour Avraham dont les jours furent raccourcis, peut-être afin qu'il n'ait pas à souffrir de la mauvaise conduite de son petit-fils Essav.

Puissions-nous aussi vivre toutes nos années, dans la joie, le bonheur, la santé et la plénitude,en dépassant le "Satan" devant et derrière nous.

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