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21/10/2010

Parashat Vayera

Parashat Vayera
L'épreuve de la ligature

Dans notre parasha nous lisons un fameux épisode du livre de Béréshit à propos duquel le rav Don Itsh'ak Abrabanel (1437 - 1508) affirmait que de là provenait
"toute la fortune [=spirituelle] d'Israël et son mérite devant leur Père au Ciel et dont les mots [de ce passage] sont connus de tous et récités dans nos prières."
Il s'agit bien évidemment du passage de la ligature d'Itzh'ak fils d'Avraham [Bereshit 22:1 et suiv.].

Celui-ci est toujours lu comme source fortifiante en moment de misère ; en effet, il ne nous est jamais demandé d'affronter une épreuve à laquelle on ne puisse surmonter [comme le souligne le Ramban, ibid.] ; si Avraham était prêt à sacrifier son fils qu'il a si longtemps et duquel il a tant attendu, l'enfant qui devait continuer sa voie - on doit pouvoir surmonter nos petits problèmes, ils ne sont que de petites épreuves…

La question qui se pose dès lors est le pourquoi de cette épreuve.
D' ne connaît-Il pas le degré d'Avraham?
Ne sait-Il pas de quoi il est capable?

Avraham était savant, il était largement capable de souligner les propos contradictoires de D' : d'une part on lui avait promis qu'Itzh'ak constituerait sa descendance tant matériellement que spirituellement, qu'il allait, comme dit, continuer sa voie, d'autre part il avait également reçu le commandement de sa ligature… Qu'il aurait pu d'ailleurs comprendre comme simplement le fait d'amener Itzh'ak sur l'autel [comme cela est induit par Rashi sur le verset 12], mais pas de le tuer, toutefois cela ne fut pas le cas. Avraham a su "annuler" l'amour de son fils et le transvaser en un amour plus grand, absolu, du Divin
[cf. Tanya, Likutei Amarim, p. 114 ; Le Livre des Principes III, 36].

Nous apprenons de là qu'en vérité, l'épreuve constitue un exercice dont le but est de dévoiler les forces présentes dans l'âme de l'homme.

Le Natziv (Rav Naftali Tzvi Berlin 1817-1892) dans son commentaire "Haemek Davar" [ibid.] ramène à ce propos un midrash expliquant que de la même manière que l'agriculteur frappe le lin pour l'adoucir et permettre son utilisation, ainsi l'épreuve élève l'homme et le rend apte à un degré supérieur.

"Puisses-tu donner à tes adorateurs une bannière, pour s'y rallier au nom de la vérité, Sélah !" [Psaumes, 60:6, (trad. du rabbinat français)]

Tel un drapeau élevé à sa cime, comme pour proclamer au monde entier quel degré l'amour de D' peut atteindre. Cela motive également l'homme à se rapprocher encore plus du Divin - chose précédemment plus ou moins délaissée.
[cf. à ce propos le Guide des Egarés de Maïmonide III, 24 ; Ramban, préc. cit. ; Le Livre des Principes de Rav Yossef Elbo, IV, 13 et Rav S.R. Hirsch dans son commentaire sur la parasha, ibid.].

C'était donc cela le but et le message de la ligature d'Itzh'ak : dévoiler à Avraham lui-même des forces dont il n'était pas forcément conscient, accomplir son amour de D', rendre transcendant un amour naturel, l'élever et ainsi montrer au monde entier que l'amour de D' n'est pas limitée et qu'il n'est pas d'épreuves à laquelle on ne puisse surmonter.

Puissions-nous mériter tous ces degrés sans que les épreuves ne soient trop rudes.
Amen.

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