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06/10/2010

Parashat Nitzavim-Vayelekh

L'unité (d'élite?)

Après la difficile reproche de la semaine dernière (parashat Ki-Tavo), D' finit ses propos en demandant pourquoi Il agit (Lui-même!) de cette manière (Dvarim 29:23) et Il répond (ibid., 27) qu'Il nous chasse de notre Terre avec grande amertume, colère, etc. … tout cela pourquoi ?
"Car les choses voilées sont à l'Eternel notre D' et celles dévoilées à nous et à nos enfants pour toujours, afin d'accomplir toutes les paroles de cette Torah" (ibid., 29).

Nos Sages nous enseignent que de ce verset nous apprenons que chacun a l'obligation morale de corriger son prochain ou de lui faire un reproche, le cas échéant, pour l'aider à revenir au droit chemin (Sanhédrin 43b).

Rashi (dans son commentaire sur notre verset) explique :
"Qu'y a-t-il en nos mains que nous puissions faire? Peut-on punir tout un groupe pour les pensées d'un individu? Pourtant personne ne connaît les pensées intérieures d'autrui? D' de répondre - "Je ne punis pas pour les choses qui vous sont voilées, car elles sont à l'Eternel notre D' et Il fera rendre des comptes à ce même individu. Mais les choses dévoilées, elles sont à nous et à nos enfants afin que nous ôtions le mal qui est parmi nous. Si on ne le fait pas, le groupe est puni. […] et même le groupe, il n'est puni qu'après avoir traversé le Jourdain, alors que le Peuple a intégré la promesse du Mont Guerizim et du Mont Eival et devient responsable l'un de l'autre".


On comprend des propos de Rashi que la responsabilité des Juifs l'un envers l'autre, du moins comme concept juridique, hilkhatique, n'existe pas en dehors d'Israël et c'est ce que vient nous apprendre ce verset de notre parasha (cf. également Vaykra 25:35-38).

Selon ce même principe le Maharal (Netivot Olam, I, Netiv HaTzedaka, chap. 6) explique un autre midrash : quiconque est indifférent à la tzedaka (= écarte son regard, l'évite) est considéré comme vouant culte à l'idolâtrie" (T.B. Baba Batra 10a), car Israël, dit-il, est complètement uni, totalement un, et cela prouve qu'ils n'ont qu'un seul D'.
"Mais cela se voit uniquement quand l'un donne à l'autre et l'autre donne à l'un, ainsi ils sont unis […] mais ils ne furent réellement unis qu'en rentrant en Israël. La preuve à cela et que tant qu'ils n'avaient pas franchi le Jourdain et n'étaient pas venus en Terre Sainte, ils ne furent pas punis pour les "choses voilées". Jusqu'à ce qu'ils traversent le Jourdain et deviennent responsables (arèvim) l'un de l'autre (Sanhédrin 43b). Est responsable quiconque est lié à autrui. Et les Juifs n'ont pas été liés, tel un Peuple, jusqu'à leur arrivée en Israël, alors qu'ils furent ensemble sur la Terre, où ils avaient un endroit la Terre d'Israël. Et grâce à la Terre d'Israël, ils sont un Peuple, entièrement…"


En vérité cela est écrit textuellement dans le Zohar (III, 93b) à propos du verset (récité chaque shabat à minh'a): "Qui comme ton Peuple Israël est un peuple uni sur Terre" (Samuel II, 7:23) - quand le Peuple est-il déterminé comme uni? Lorsqu'il est sur sa Terre.

Le "Méam Loez" rapporte qu'il est dit dans le verset "Vous voici aujourd'hui tous debout devant D-ieu… tout homme d'Israël" (Dvarim 29:9). Quand pourrons-nous tous nous tenir debout ? Quand nous serons tous unis.
Et cela s'illustre de la sorte :
Un père dans ses derniers jours appela ses enfants autour de lui : "Apportez-moi une botte de joncs."
Après l'avoir reçue, il leur demanda d'essayer de la casser en deux. Aucun n'y parvint.
Il leur dit alors : "regardez de quelle manière il faut s'y prendre." Les enfants curieux de savoir comment il allait réussir, s'approchèrent de lui. Il défit la botte, et cassa les joncs l'un après l'autre. "Voilà, dit-il. De là vous apprendrez que si vous êtes unis, personne ne pourra vous vaincre ; en revanche, si vous êtes dans la dispute et désunis, nulle sera votre résistance." C'est ce que dit Moshé au peuple d'Israël. "Vous voici aujourd'hui tous debout devant D-ieu… tout homme d'Israël.

Ce même principe d'unité est également présent dans la deuxième parasha que nous lisons cette semaine, Vayelekh.

Tandis que Nitzavim parle plus de la liberté de l'homme et de son choix à choisir la Voie Divine ou non, ainsi que des implications de son choix, Vayelekh s'ouvre sur le commandement de Hak'hel, du Rassemblement (Dvarim 31:12). Ce commandement s'applique au Roi, il doit réunir une fois tous les sept ans tout le Peuple au Temple (Beit HaMikdash) et lire dans la Torah (en particulier la parasha de Shema marquant l'acceptation du joug Divin) devant tout le monde, femmes et enfants compris.
Il y a une discussion entre le Rambam, Rav Eliezer de Metz et le Sefer Hah'inouh' quant à savoir si le commandement est de rassembler, d'étudier, de lire ou plutôt que les paroles du Roi soient entendues.

Il est évident que ce commandement ne peut s'appliquer qu'en Israël, car il faut premièrement, comme dit, un Roi et deuxièmement, cela se déroulait au Mont du Temple en présence, troisièmement, de tout le Peuple, et cela n'est valable qu'en Israël. En effet, les Juifs se trouvant en dehors d'Israël sont exempts du commandement de monter au Temple durant les trois fêtes de pèlerinage (Psachim 3b, Tossafot s.v. Me'eleah - "Netzivin est en dehors d'Israël") et ne font pas partie intégrale de l'ensemble "tout Israël", à cet égard.

A ce propos il est raconté dans la guemara (T.B. H'aguiga 3a) que Rabbi Yo'hanan ben Broka et Rabbi Elèazar H'asma étaient partis visiter Rabbi Yehoshoua, à Pèkiin. Il leur dit : quoi de nouveau au Beit Hamidrash (= dans la maison d'étude) aujourd'hui ?
Nous sommes tes élèves et nous buvons tes paroles de sagesse, répondirent-ils. Quand même, rétorque leur maître, il n'y a pas de Beit Hamidrash sans nouveautés, à qui était-ce le shabat? A Rabbi El'azar ben Azarya, il nous a enseigné la parachat Hak'hel, et avons appris que si les hommes doivent venir pour apprendre, les femmes doivent venir pour écouter, mais la question est: les bébés pourquoi viennent-ils? La réponse : pour assurer une bonne récompense à ceux qui les accompagnent. Lorsque Rabbi Yehoshoua entendit cette interprétation du verset. Il leur dit : vous aviez une pierre si précieuse dans vos mains et vous vouliez m'en priver ?!

Pourquoi Rabbi Yehoshoua réagit-il avec tant d'enthousiasme à la leçon qu'il venait d'entendre?
C'est qu'il avait été lui-même amené par sa mère à la yeshiva, dans son berceau. Elle disait toujours : "il faut que l'oreille de mon garçon s'habitue aux paroles de la Torah." Et c'est la raison essentielle pour laquelle il faut amener les bébés dans ce grand rassemblement (selon le Talmud de Jérusalem, Yevamot 1).

Mais au delà d'une simple identification avec le propos énoncé, Rabbi Yehoshouha est heureux de voir que ses disciples comprennent la valeur de l'éducation.
En effet, seule une éducation aux valeurs de la Torah, de l'Etat d'Israël (en l'occurrence dans ce cas, le Royaume) sur sa Terre peut conduire à l'unité.

Puissions-nous mériter voir l'unité, sur notre Terre, de tous les Juifs, construire notre Temple et mériter la Délivrance pleine et entière, de nos jours.
Amen.

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