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07/09/2009

La Techouva - d'après une sih'a du Rav H'aim Sabato

La Techouva ou une petite analyse de la Prière

Pour comprendre l'idée de Techouva, nous devons d'abord regarder dans nos sources.
Hormis les versets qui en parlent, nous avons une très bonne introduction à la Techouva, c'est notre demande de repentir que nous faisons à H' chaque jour dans la Tefila. Celle-ci, selon la Tradition, a été instituée par les Gens de la Grande-Assemblée.
השיבנו אבינו לתורתך
וקרבנו מלכנו לעבודתך
והחזירנו בתשובה שלמה לפניך
ברוך אתה ה’ הרוצה בתשובה
Fais-nous revenir, notre Père, à Ta Torah
Approche-nous, notre Roi, à Ta Avodah
Puis Ramène-nous d'une Techouva totale devant-Toi
Sois béni, Seigneur, qui agrées la Techouva.


Si nous analysons ce texte, nous voyons qu'il y a là trois étapes:
1. le retour à la Torah
2. l'approchement au service, à la Avodah
3. finalement, la demande d'accéder à la Techouva.

Si le but est de demander à H' de nous indiquer le chemin du retour vers Lui, après avoir demandé connaissance du vrai (dans la bénédiction précédente) et compris qu'elle déterminait la moralité et la fidélité que nous demandons ici (cf. Rav E. Munk, Le Monde des Prières, p.156), pourquoi ne pas aller droit au but?
En effet, il semblerait que les deux premières étapes soient superflues.
Or, nous savons que nos Sages n'écrivent pas un mot en vain, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une prière telle que le Chemonè Essreh !

Il s'agira donc de comprendre quel est le lien de la Techouva avec la Torah et la Avodah.


La Torah
Le seul et unique moyen de faire Techouva ne peut passer que par la Torah !
En effet, que signifie faire Techouva ?
C'est se rapprocher de D'. (comme il est dit :ואתם הדבקים בה’ אלוקיכם חיים כולכם היום). Mais pour se rapprocher, il faut Accepter le joug Divin et tout ce que ça implique (tous les Commandements), car on a l'intime foi que c'est Sa Volonté.

[En partant du principe que D' existe et qu'Il a crée le monde, le dévoilement Divin ne peut être qu'à travers Sa Création, c'est-à-dire le monde et tout ce qu'il contient. Mais étant donné qu'on a un peu de peine à apprendre Ses Voies de cette manière… la pudeur des chats et le travail des fourmis - alors H' nous a donné une feuille de route, la Torah et par elle on accomplit Sa Volonté]

En bref, pour savoir où aller, il faut avoir une carte. En d'autres termes, il faut d'abord étudier la Torah pour savoir comment se comporter et pour "nourrir" notre âme.

Cela explique également la désignation d'H' comme "notre Père", car la Torah est notre patrimoine, l'héritage de la communauté de Jacob, comme il est dit :
"תורה צוה לנו משה מורשה קהלת יעקב" et on pourra toujours retourner vers elle, même après s'en être éloigné (cf. le Midrash sur Deut. 33,4). Ainsi un autre Midrash (ibid.) explique ne lit pas Morasha - מורשה (patrimoine), mais Méorassa - מאורסה (fiancée), car la Torah est liée à Israël de manière intrinsèque et métaphysique (segoulit). Il n'y a rien qui nous rapproche plus d'H' que l'étude de la Torah (cf. p. ex. Rambam Hil' Techouva, 10,6 ; Yesodei HaTorah 1,6/4,13/etc. ; Moreh Nevouh'im 1, 34 ; Drashot HaRan, 11 ; Or H', part. 2, chap. 1 et 6 ; Nefesh H'ah'ayim, Shaar 4 ; Tania, chap. 5 ; Kountrass Sefer HaZih'ronot de R' Tzadok, Mitzva 1, p.50 ; Bnei Issah'ar, Sivan 5,2 ; …).
Mais apparemment, cela ne suffit pas !

La Avodah
En plus de la Torah, on demande "à notre Roi" de nous approcher, littéralement, de "Son service", c'est-à-dire de nous aider à nous concentrer dans nos prières. Quelle est la Avodah du cœur, dit la Guemara dans Ta'anit, c'est la Tefila (cf. également commentateurs sur Avot 1,2) !
Certes, "le service" peut également être compris comme "l'entreprise d'actes", mais il va de soi qu'après l'étude vient l'acte, ainsi que nous l'a enseigné Rabbi Akiva (dans le Talmud) lorsqu'on lui a posé la question si l'étude précédait l'acte ou si le contraire était vrai, celui-ci a répondu : "גדול תלמוד המביא לידי מעשה“ — "Grande est l'étude qui nous amène à agir".

Toutefois, nous comprenons ici une demande à H' de nous approcher de Lui par la tefila.
En quoi la Tefila nous rapproche-t-elle du Divin ?

Le Rav Kook (cf. Orot HaTefila, recueil du Rav M. Z. Neriah, éd. Maaliot) nous enseigne que la Tefila constitue une phase supplémentaire après l'étude. Elle permet d'interner et de "digérer" certains concepts spirituels - rouh'anim, étudiés pour mieux les vivre. En cela, la Tefila constitue une phase nécessaire à l'équilibre spirituel de l'homme ; celui-ci aide l'homme à mieux "connaître" le Divin. Cet équilibre est nécessaire à l'intégrité de l'homme, base de toute moralité - sa pensée se trouve au niveau de ses actes. Mais pour cela il faut agir sur sa propre volonté (cf. Sefer Ha'Ikarim, du Rav Y. Elbo, Sha'ar 3). D'autres voient, sur le même principe, dans la Tefila - une sorte de séance de psychothérapie où l'homme se confie à son Maître. Sur le même principe, car le but est le même - arriver à un certain équilibre…

Le Rav Sabato nous a raconté qu'à la fin de ses jours, un talmid a demandé au Rav Shlomo Zalman Auerbach sur quoi il travaillait maintenant. A sa grande surprise, le Rav répondit : "j'essaie de me concentrer sur chaque mot de la Tefila".
Et le rav Sabato de conclure : "il ne faut pas croire que c'est simple de pouvoir se concentrer toute la Tefila, celui qui y arrive, cela prouve un niveau élevé de spiritualité, tel que le ramène le H'ida…"

Plus l'homme est grand, plus sa Tefila est "élevée" - c'est là un dur travail, pour cela il faut enlever ce qui nous gène :
  1. Les malheurs du mondes (toutes sortes de pensées liées à nos occupations et autres nouvelles…),
  2. "Les barrières" - h'atzitzot (causées par nos fautes…),
  3. "Les déguisements" - zioufim (on se ment à soi-même, on n'est pas qui on est, on ne laisse pas sa Neshama chanter…)
Dans cette optique il faut voir H' comme notre Roi, ça n'est plus l'aspect émanent de la Torah qui dévoile H' partout, mais un lien plutôt transcendant où l'homme est en quête de liaison avec quelque chose de beaucoup plus grand. La Tefila est l'expression du sentiment, alors que dans l'étude l'esprit règne, ou comme le dit le Rav Soloveichik - "la prière, c'est la délivrance de l'esthétique" (cf. Avodah Shebalev, éd. Otzar HaRav). Le subjectif prend son sens dans la recherche du Transcendant, alors que les règles objectives de l'esprit découvrent l'Émanent ! Dans la Torah on découvre plus l'amour d'H', alors que la crainte fait partie des halah'ot de la Tefila (cf. H'idoushei R' H'ayim, Brah'ot, qui explique le "shtei dinim" de la 'Amida), bien entendu que les deux sont présents partout et vont de paire, tout comme H' est toujours à la fois émanent et transcendant !

Seulement alors, on peut demander de l'aide pour faire Techouva.

Qui agrées la Techouva
Pourquoi la bénédiction se termine-t-elle ainsi ?
Toutes les autres bénédictions dans la 'Amida se clôsent par la louange d'H' en notant une entreprise, une faction - "Qui soigne son peuple", "Qui bénit les années", etc., pourquoi celle-ci diffère-t-elle donc ?

Le fait que l'Eternel Agrées et n'agisse pas nous enseigne qu'ici la place de l'action est à l'homme.
Faire Techouva est une grosse responsabilité qui commence par la prise de responsabilité, telle que le vidui (cf. Rambam Hil' Techouva, chap. 1).

En fin de compte, c'est choisir dans une angoisse existentielle affolante, sans preuve tangible aucune. Je choisis entre la vie et la mort sans m'en rendre compte. Je peux trancher d'un côté ou d'un autre (ibid. chap. 5), le monde entier peut basculer…

J'accepte de remplir mon esprit de spiritualité plutôt que d'honneur, de désirs ou de haine. Cette spiritualité est engageante et obligeante plus qu'exigeante.
Face à un vide horrible, je fais le choix de la vie. Pour ça il faut un peu d'aide d'En-Haut. On Lui demande d'agréer. C'est beaucoup. On appelle ça la syata diShmaïa - l'aide du Ciel.
On espère que notre choix et le bon. On prie pour cela !


יה“ר שנזכה כולנו לתשובה שלמה במהרה !1

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